يد واحده ما تصفق

Yedd ouahda ma tsafek
Une main toute seule ne peut pas applaudir

mardi 31 janvier 2012

Le 8 mai 1945 en Algérie



Le 8 mai 1945 en Algérie et les événements qui en découlent.


Le 8 mai 1945, l’Allemagne capitule, l’armistice est donc déclaré. Toutes les populations fêtent cet événement en allant dans les rues. En particulier à Paris où les Champs Elysées sont envahis de monde. Les colonies, qui participaient à l’effort de guerre pour leur métropole, célèbrent avec joie cette nouvelle. Cependant en Algérie, une partie des musulmans réclame à cette occasion l’indépendance. En effet, les Algériens estiment qu’après avoir aidé la France dans cette guerre en leur fournissant des matières premières et des hommes, s’être battu à ses côtés mais aussi avoir contribué à libérer la France de l’Allemagne, ces musulmans pensent mériter davantage de reconnaissance. Ils souhaitent avoir leurs propres droits sociaux, juridiques et politiques. Les Algériens sortent donc dans les rues des principales villes avec un nouveau drapeau qui deviendra le drapeau national de l’Algérie.

A Sétif et Guelma les manifestations tournent à l’émeute. A Sétif, un porte-drapeau algérien est tué par un policier. Le début de la révolte commence. De nombreux européens sont tués (102 morts environ) et encore plus d’Algériens, même si la France estime le nombre de morts de seulement 1500 par l’intermédiaire de Andrian Tixier. En revanche les services américains annonce 17 000 morts Algériens lors de ces manifestations.
La répression de la France ne tarde pas dans ces villes car les autorités françaises ont peur que ces révoltes enflamment toute l’Algérie. Celle-ci est le pivot de l’empire colonial français, ces répressions pourraient donner des idées aux autres colonies de la France.
Au lendemain de ces manifestations sanglantes le calme est revenu dans les villes, et l’insurrection est contenue dans celles-ci. En revanche dans les campagnes, les habitants ont eu vent des événements de Sétif et de Guelma, et se mettent à tout détruire : ils cassent et brûlent tout ce qui a un rapport avec l’empire colonial ; de plus ils tuent des français. C’est la raison pour laquelle ceux-ci prennent des armes pour se défendre et se protéger des Algériens.
Suite à ces événements la révolte française commence. Plus de 40 000 hommes sont mobilisés, ils bombardent des villages entiers. Un comité de salut public, illégal, est mis en place pour anéantir le complot arabe. Ce rassemblement réunis des français de toutes les couches et les tendances sociales et politiques.

En métropole dès le 9 mai la presse se fait échos de perturbations en Algérie, en ne parlant que des morts français, mais en aucun cas le drame de Sétif n’occupe la première page des journaux. En France au contraire on continue à célébrer la victoire sur les nazis.
Le 10 mai a lieu les funérailles des français tués lors des révoltes. A cette occasion De Gaulle prononce un discours où il exprime sa volonté de réprimer tout mouvement des arabes contre les français. Les grands colons réclament des armes et une répression impitoyable, ils exigent aussi la tête de Fehrat Abbas, qui est une autre figure du nationalisme algérien. A Sétif, l’armée a pris le contrôle de la ville. Sous la peur les habitants s’enferment chez eux, qu’ils soient français ou algériens. Un couvre feu est même mis en place. C’est un climat de terreur qui règne renforcer par la diffusion de certaines photos et surtout de celle du secrétaire du parti communiste ayant les mains broyées. Les armées, composées principalement de tireurs sénégalais et marocains, tiraient sur tout ce qui bougeaient, c’est a ce moment que, profitant de la situation, des pilleurs récupéraient les objets laisser dans les maisons vides. La légion étrangère a « nettoyé » l’Algérie sans procès ni aucune pitié. En métropole tous ces événements sont censurés même si certaines rumeurs sur la répression y arrivent malgré tout.
Le 20 mai, alors que l'armée débarque dans les villages de Sétif et regroupe quinze milles villageois sur la plage, les avions bombarde le rivage de la plage. Les tireurs algériens, ignorant ce qu’il s’est passé durant leur absence en Algérie, reviennent couvert de gloire. Après avoir été acclamés dans les rues d’Alger, les militaires algériens restent bloqués près d’une semaine dans la capitale sous les ordres de leurs supérieurs. Ceux-ci ne rentreront chez eux que le 24 mai. A Paris, l’écho de la répression se poursuit grâce notamment à la presse. En même temps, le ministère de l’intérieur français souhaite censurer le nombre de morts qui est déjà minimisé par rapport à la réalité. Adrian Tixier annonce, lui, 102 morts européens dans « Les événements du Constantinois », et 1500 morts algériens, cependant, les services américains annoncent, eux, 17000 morts algériens. Les anglais et les américains, pourtant au courant de ce drame, n’interviendront pas.
Pendant et après les années 1945, aucun pays , que se soit le Royaume Uni , Les Etats-Unis ou les Soviétiques , ne réagit , ni ne pose de questions à la France à propos des affaires algériennes. Ces pays veulent retrouver le statu quo d’avant guerre. Les premiers enjeux de la Guerre froide apparaissent déjà à ce moment, en effet la France est allié aux USA qui ne condamne pas les actes des français. La France quant à elle, a d’autres priorités que les insurrections dans les colonies. Elle doit rétablir avant tout l’autorité dans les territoires qui sont les siens.
En Algérie la « machine judicaire » est en marche : Les prisonniers de Sétif et de Gualma sont « jugés » en Novembre 1945. Leurs sentences seront atroces :

- peine de mort
-10 à 15 ans de prison
- tortures
En Janvier 1945 le général De Gaulle démissionne de son poste. Ce même mois Hadji et Madhim sont libertés. Les Algériens enfermés en prison, ne bénéficieront que partiellement de l’armistice. En Algérie tout semble être rentrés dans l’ordre. Le Général Duval à dit : « je vous ai donné la paix pour 10 ans, si la France ne fait rien cela recommencera en pire et de façon irrémédiable.

La guerre d’Algérie à débuter durant cette période : en effet les Algériens n’ont plus confiance en la France. En effet si la paix semble rétablit, la déchirure entre algérien et français est irréparable. Suite à la répression les algériens rejoindront les partis nationalistes. En Algérie ont sait désormais que l’indépendance ne pourra s’acquérir que par une lutte armée. La décolonisation est un grand enjeu de l’après guerre ainsi pour les métropole conserver leurs colonies est primordial. La guerre d’Algérie éclatera en 1954 et durera jusqu’en 1962, année de l’indépendance algérienne.

Témoignage d’un algérien qui a vécu la répression :
Lahcene Bekhouche
« - Ils [les soldats français] nous ont emmenés sur le pont, ils nous ont attachés avec du fi de fer barbelé, le fil était tellement serré que le sang giclait, les traces sont toujours là [il montre ses chevilles où apparaissent les marques], c’était de la barbarie. Une fois qu’on a tous été attachés, l’un des gendarmes a dit à son collègue : « - Celui là, on le jette ? », l’autre a répondu – « oui ! ».
Alors, il en a jeté un par-dessus le pont. Il est passé à celui d’après en posant la même question : « on le jette ? – oui !! »
Il a fait un clin d’œil et la jeter par-dessus bord en le poussant avec son pied.
Puis mon tour est arrivé, aujourd’hui je ne comprends toujours pas pourquoi le lieutenant a eu pitié de moi. J’étais jeune à cette époque. Il a dit :
« Non non, le petit là, laissez le tranquille ! ». L’adjuvant a demandé à ce que l’on m’enlève les fils de fer barbelé. Il me les ont retirés et m’ont remis dans la camionnette. »

Ce témoignage atteste de l’horreur de la répression et de la faiblesse du « jugement » qui ne tient que d’un homme et de son humeur. Les Algériens resteront marqués à vie par ces épisodes de l’après guerre qui devaient être joyeux et qui ont tourné au drame.


http://www.toutlemaghreb.com/forums_/Coups_de_plumes/le_contraste_historique_du_8_mai_1945_sur_les_deux_rives_.php

Cette photo à été prise lors des manifestations, le 8 mai 1945, à Sétif. Sur ce cliché ont peut clairement apercevoir le « nouveau » drapeau Algérien crée spécialement pour cette occasion. Sur cette imagine on peur voir que les gens sont heureux de la victoire de la France contre le nazisme, même qu’en même temps la lutte pour l’indépendance est primordiale. Les manifestations étaient, à la base, calmes et pacifistes. L’émeute à Sétif a, en effet, commencé car un porte drapeau algérien avait refusé de baisser son drapeau alors que des officiers français le lui ordonnaient, les policiers lui ont donc tiré dessus ce qui à provoquer l’indignation des manifestants, pour la suite que l’on connaît.

mardi 24 janvier 2012

L'Immigration Algérienne en Lorraine




Introduction

Le XXe siècle est une période qui connaît une grande vague migratoire, particulièrement en France. En effet nous connaissons des flux importants d'immigrés venant d'Algérie pour diverses raisons que nous allons aborder dans une région, la Lorraine. Quelle est l'origine de la population Algérienne présente en Lorraine? C'est en répondant à cette question que nous allons voir tout d'abord que cette immigration a connu deux flux importants : un avant la Seconde Guerre Mondiale et un autre après .

I. Les conséquences de la première guerre mondiale


a) Durant la Première Guerre Mondiale

Tout débute lors de la première guerre mondiale, la France a besoin de main d'oeuvre et doit donc faire appel à ses colonies afin d'avoir un avantage sur les Allemands. La Lorraine n'est redevenue française qu’à la fin de la première mondiale. Donc de 1871 à 1918, elle n’était pas trop concernée dans l’immigration en France puisque l’Algérie était une colonie française .Les Français recrutent quelques Algériens pour en faire des soldats ou comme travailleurs civils dans les mines ou dans les usines. On compte environ 80000 travailleurs et 175000 soldats venant d'Algérie dont 35000 auraient été tués au front. Les soldats Algériens faisaient partie de l’armée d’Afrique qui constituait environ 6% de l’armée française. Ils sont choisis à participer aux combats les plus durs sur le front afin d’éviter des pertes de l’armée métropolitaine. Ceux qui ne sont pas envoyés comme soldats sont utilisés à l’effort de guerre, comme la production d’armement, aéronautique, transport, mine, etc.… Leur aide a été très précieuse pour les Français . on assiste à de nombreux mariages mixtes à cette époque.

b) Dans les années 1920

La plupart des travailleurs coloniaux recrutés pendant la Première Guerre Mondiale sont rapatriés dans les mois qui suivent l'armistice mais l'expérience de la guerre a permis aux Algériens de connaître la métropole et ainsi de tisser les premiers contacts avec la société française. C'est pourquoi les Algériens sont nombreux à vouloir rester en France pour fuir la misère de leur pays. Dans les mines de Lorraine, 80 % de la main-d’oeuvre est étrangère.
Dans les années 1920, on peut voir sur le document, une reprise de l'immigration en provenance d'Algérie et des autres pays, car après la guerre, la France a besoin de main d'oeuvre pour se reconstruire et doit donc à nouveau faire appel à eux.

c) Dans les années 1930

Nous pouvons voir une baisse d'étranger à partir de 1930 jusqu'en 1955, en effet cela s'explique par l'augmentation de français par acquisition qui n'arrête pas d'augmenter (environ une multiplication par 2 tous les dix ans) mais cette baisse est aussi du à la crise de 1930 . En effet plus de 100 000 Algériens travaillent en France et y restent afin de gagner de l'argent car là ou ils vivaient, souvent dans les régions agricoles, le travail rémunérateur y était rare. De plus, il était assez fréquent que des jeunes hommes décident de partir pour un temps en métropole, afin d'obtenir un peu d'argent, pour monter ensuite un projet chez eux (taxi, petit commerce, etc...), et pouvoir construire une maison pour leur famille. De plus, les Algériens étaient français à l'époque, ils ne changeaient pas de pays mais de région ce qui a facilité la migration des Algériens. La France fut le premier pays d'immigration entre les deux guerres.

II. Les Conséquences de la seconde guerre mondiale

a) Pendant la seconde guerre mondial

À cette période, une grande partie des Algériens présents en Lorraine ont été impliqués, à une plus ou moins grande échelle, dans la guerre. Comme pour la première mondial, ils ont été recrutés pour en faire des soldats ou comme travailleurs civils. C'est ainsi que de nombreux Algériens ont trouvé la mort. Ce qui explique la baisse de populations étrangères en Lorraine. Mais ce phénomène s'explique également par la naturalisation d'une partie des Algériens restants.
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b) Les Trente Glorieuses

Les Algériens étaient français lorsqu' ils sont partis pour travailler dans les mines. À l'époque, ils pouvaient se déplacer sur le territoire français sans demander de papiers spécifiques.

Les Algériens ont été très surpris en arrivant en Moselle d'après-guerre : une région très froide, très marquée par la guerre, et où les gens parlaient peu le français! Beaucoup d'Algériens venus à cette époque ont appris l'Allemand ou le patois (platt).

Souvent ils venaient dans l'optique de rentrer vite en Algérie, mais certains ont finalement fait venir leurs femmes et se sont installés en famille en France. D'autres sont rentrés après une carrière plus ou moins longue.

Après la guerre, les conditions de vie en Moselle étaient rudes. Les Algériens étaient logés dans des baraques en bois très anciennes, les mêmes qui avaient servi juste avant à loger les prisonniers de guerre (russes, puis allemands). Ces baraquements ont été détruits par la suite, et remplacés par des foyers pour célibataires, où toutes les nationalités étaient mélangées. Les Algériens qui se mariaient ou amenaient leurs femmes grâce au regroupement familial dans les années 60, ont ensuite eu droit au logement de la mine comme les autres mineurs, des maisons de taille plus ou moins grande selon le nombre d'enfants.

Après la guerre, une partie des bâtiments français ont été détruits. Ce problème va engendrer une reconstruction de la France, ce qui aura pour conséquence de créer une demande de main d'oeuvre. Le bâtiment va donc faire appel encore une fois aux Algériens. Ces Algériens vont également être demandés dans les usines et les mines. Le mécanisme des Trente Glorieuses va faire que les Algériens vont pouvoir acquérir des emplois fixes. Ainsi, des Algériens vont décider soit de retourner dans leurs pays, soit de s'installer définitivement en France avec leur famille. Ils seront ensuite naturalisés par la suite.


c) Des Trente Glorieuses à aujourd'hui


Les Trente Glorieuses vont se poursuivre ainsi jusqu'au premier choc pétrolier en 1976.Ce choc pétrolier va avoir pour effet de "stopper" les Trente Glorieuses.Les algériens vont être très fortement touchés par le chômage car ils vont faire partie des premiers employés à être licenciés.Ils auront par la suite beaucoup de mal à retourner dans le monde du travail et vont soit manquer de travail soit vont trouver des emplois précaires (travail pénible,peu rémunéré,horaires difficiles...).Ils auront ainsi du mal à retrouver une situation stable et devenir propriétaires.Tout ceci va participer à les "expulser" de la société.

Conclusion
Ainsi nous avons vu l'origine de la population Algérienne présente en Lorraine.En effet ces vagues migratoires ont commencé vers la premiere guerre mondiale où la France a utilisé sa colonie Algérienne pour faire venir de la main d'oeuvre qui servira plus tard à la guerre. Leurs conditions de vie étaient rudes car ils habitaient par la suite (apres la seconde guerre mondiale) dans des baraquements insalubres. Puis à la fin des trente glorieuses, ils ont été fortement touchés par le chomage puis par la précarité. C'est ainsi que les Algériens font partie de la popoulation Lorraine.

Remerciements:
Nous tenons à remercier les auteurs du livre Mineurs Algériens et Marocains en Moselle qui, en plus des informations qui nous été fournies par le livre ont eu l'amabilité de répondre nos questions par mails.

samedi 14 janvier 2012

Napoléon III et l’Algérie



Charles Louis Napoléon Bonaparte, dit Louis-Napoléon Bonaparte, a été le premier président de la république française le 20 décembre1848. Celui qu’ Aldolphe Thiers désignait comme « Ce crétin que l’on mènera », deviendra, un an, jour pour jour, après le coup d’état du 2 décembre 1851, empereur des français sous le nom de Napoléon III.

Lorsque le prince, président, accède au pouvoir, la conquête de l’Algérie, qui débuta en 1830 à Sidi-Ferruch, s’était terminée l’année précédente lorsque Abd el-Kader ben Muhieddine de Mascara, plus connu sous le nom d’Emir Abd-el-Kader, se rend avec sa smala au Duc d’Aumale.

Contrairement à la promesse que la France lui avait faite, l’Emir et sa suite, une centaine de personnes ne pourront pas s’établir dans un pays musulman. Ils seront retenus sur le sol français pendant cinq ans. Napoléon, n’ayant plus de comptes à rendre à ses ministres après le coup d’état, décide en janvier 1852 de la libération de l’émir. Il se rend en personne au château d’Amboise pour annoncer la nouvelle à Abd-el-Kader. L'émir reçoit à Paris, qu'il visite en octobre avant de se rendre à Tunis, un accueil chaleureux de la part des Parisiens. Il garde son amitié à l'empereur et à la France et ne sera pas ingrat, grâce à lui, de nombreux chrétiens furent sauvés lors des conflits entre chrétiens et musulmans au Liban en 1860.

Le Prince-président rend la liberté à Abd-el-Kader au château d'Amboise le 16 octobre 1852.
Tableau de Jean-Baptiste-Ange Tissier, (1814-1876), école romantique, un des peintres officiels du Second-empire.

On peut voir, dans l'estime, que Napoléon porte à Ab-el-Kader tout l’intérêt que le Prince-Président porte à l’expansion coloniale de la France et particulièrement à l'Algérie dont il veut faire la tête d'un utopique royaume Arabe. Il crée un ministère de l'Algérie et des Colonies au mois de juin 1858 qu'il confie à son cousin germain le prince Napoléon. Ce dernier organise les préfectures et les sous-préfectures et donne plus de pouvoir aux civils. L'empereur conscient des problèmes que posent la distribution des meilleures terres arables aux colons nomme au ministère en 1859 Prosper Chasseloup-Laubat qui redonnera plus de pouvoir aux militaires.


2) Premier voyage en Algérie 17 au 20 septembre 1860.



Fêtes données à l'Empereur et à l'Impératrice à Alger le 20 septembre 1860.

Tableau d’Isidore Pils (1813-1875)


L’empereur Napoléon accompagné de son épouse l’impératrice Eugénie, du prince impérial et de leur suite prennent la mer pour l'Algérie à bord de cinq bateaux : Le Vauban, L'Eylau, La Reine Hortense, L'Aigle, La Gloire. Au cours de ce voyage, ils feront une courte escale en Corse, berceau de la dynastie Bonaparte. Ils quittent Ajaccio le 15 septembre et seront en rade d'Alger le lundi 17. Cette traversée leur prendra un peu plus de 48 heures, plus de temps que prévu, à cause des mauvaises conditions météo donnant des vents forts qui firent légèrement dériver les navires de leur route.

L’accueil que Napoléon reçoit en Algérie est décrite par la presse comme : '' Moins splendide que celle de Lyon et de Marseille mais beaucoup plus spontanée et originale…'' Effectivement les habitants de l'Algérie ont préparé quelque chose de grandiose, notamment un arc de triomphe recouvert de brocart.

L’évènement le plus important sera la pose de la première pierre, par le couple impérial le 18 au matin du nouveau grand boulevard longeant la mer. Il aura pour nom :'' Boulevard de l’impératrice''. C'est l'architecte Charles-Frédéric Chassériau qui réalise cet élégant ensemble.


Le boulevard de l'impératrice dont la première pierre fut posée en 1860 est terminé en 1865.

Le voyage est hélas écourté et ne durera que trois jours, car on apprend que la duchesse d'Albe, soeur aînée de l'impératrice est mourante.

Même si ce premier séjour fut bref, l'empereur a pu se faire une idée du pays, des problèmes que posent l'attribution des terres. Au cours de ses déplacements, il prononça le discours dit du royaume Arabe qui fut reçu avec peu d'enthousiasme par les autorités militaires et encore moins par la communauté européenne.

Dés son retour à Paris, Napoléon décide de rétablir le régime antérieur, il renforce les pouvoirs du gouverneur. Le gouvernement et l'administration sont de nouveau centralisés à Alger. Pour ce faire, il nomme un militaire comme gouverneur général de l'Algérie, le Maréchal Pélissier. Hélas, Pélissier atteint de sénilité n'est guère efficace. Après sa mort, en 1864, le poste de gouverneur général sera confié au maréchal Mac-Mahon.

Voyage de l'empereur et l'impératrice dans les départements du sud-est, de la Savoie, de la Corse et de l'Algérie. (page 90 à 106). ed. Renault, Paris, 1860.

Lettre de l'empereur au gouverneur de l’Algérie, le maréchal Mac-Mahon du 6 février 1863 (voir page 189).

3) Deuxième voyage en Algérie du 2 mai au 8 juin 1865.



Napoléon III fait grâce aux Flittas, 1865.

Tableau d' Henri-Alfred Darjou (1832-1874)

«Un spectacle inattendu, dit le Moniteur Universel du Soir, l'attendait à son arrivée. La grande tribu des Flittas entoura la voiture impériale et la sépara complètement de l'escorte, puis se précipita jusque sous les roues de la calèche, en poussant des cris d'abord incompréhensibles. Ce spectacle était réellement émouvant, car la tribu récemment soumise réunissait près de quinze cents fusils. Les Flittas imploraient la grâce de leurs coreligionnaires internés en France, à la suite des derniers troubles. La scène était touchante; des vieillards, des femmes, des enfants entouraient le Souverain dans les attitudes les plus humbles. Dans leur langage pittoresque de l'Orient, ils protestaient de leur dévouement futur, s'offrant comme otages de la parole donnée. L'Empereur, visiblement ému par cette scène de désolation, daigna accorder les grâces qui lui étaient demandées par toute une population. Je ne chercherai pas à vous décrire l'enthousiasme qui éclata, lorsque les paroles de pardon tombèrent de la bouche impériale. C'est au milieu d'une ovation qui atteignait le délire, que l'Empereur arriva à Relizane. Sa Majesté, après avoir visité minutieusement les magnifiques cultures des colons de Relizane et examiné le barrage établi sur la Mina, rentra à six heures à Mostaganem, où Elle fut accueillie par les vivats de la population qui s'était accrue dans la journée de toutes celles des villages parcourus la veille. » (voyage de sa Majesté l’empereur à Relizane)

Le deuxième séjour de l'empereur a lieu en 1865. Il traverse la méditerranée seul, et il a confié la régence à l'impératrice. Le 2 mai 1865, l'Aigle accoste au port d'Alger. Ce séjour, de plus d'un mois, va lui permettre de visiter de nombreuses villes: Rélizane, Oran, Mostaganem, Biskra, Bône, Tizi-Ouzou...

Pour se rendre à Blida, il empruntera la première ligne ferroviaire du pays, la toute récente liaison Alger-Blida. Il prononcera de nombreux discours où il exprime son désir de voir l’Algérie devenir un modèle de prospérité économique.

« L’Empereur et sa suite ont parcouru en voiture plus de 3 000 kilomètres. Tout le voyage a comporté un horaire très chargé, une alternance de séances de travail, notamment dans les Conseils généraux, et de prises de contact personnelles, tant avec des civils qu’avec des militaires, tant avec des Européens qu’avec des musulmans.» (ref. en biblio. René Pillorget)

En quittant l'Algérie après ce second voyage, l'empereur déclara qu'il y reviendrait. La maladie et le conflit franco-prussien de 1870 rendirent ce projet irréalisable.

Dés son retour, le 14 juillet 1865, est promulgué un sénatus-consulte (texte de loi émanant du Sénat), régissant la nationalité des habitant de l'Algérie et permettant aux Musulmans d'accéder aux postes administratifs et, après le décret du 27 décembre 1866, à la gestion des communes en échange de leur renoncement à la loi coranique, spécialement la polygamie incompatible avec la loi française.

4) Conclusion
En souhaitant associer les autochtones au devenir de la colonie, en leur donnant la nationalité française, en souhaitant rapprocher les colons européens et les musulmans, en respectant les religions, Napoléon III a mené une politique novatrice mal comprise car trop en avance sur l'histoire. Le Royaume arabe, vaste puissance économique, restera une utopie.

Bibliographie:

Duval, Jules; L'Algérie et les colonies françaises, Paris, ed. Guillaumin, 1877.

Katan, Yvette; La seconde République et l'Algérie:une politique de peuplement? ; Actes du colloque du 150naire; ed.Créaphis, 2002.

Levallois, Michel; Ismaÿl Urbain: une autre conquête de l'Algérie; ed. Maisonneuve et Larose, 2001.

Magen, Hypolyte, Histoire du Second-Empire, bordeaux, 1878.

Seguin, Philippe; Louis-Napoléon le Grand; Paris, ed. Grasset, 1990

Sofiane et Farid, sur ce blog publié le 8 janvier 20008: ''La conquête de 1830 à 1901: Napoléon III et sa politique arabe''

Spillmann, Georges; Napoléon III et le royaume arabe d'Algérie; ed. Académie des sciences d'outremer, 1975

Tessier, Octave; Napoléon III en Algérie, ed. Challlamel aîné, 1865

Warnier, Auguste; L'Algérie devant l'empereur, ed. Challamel aîné, 1865.

Zakine, Hubert; Napoléon III en Algérie; sur Blogger publié le 26 avril 2011.